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"Ubi missa, ibi mensa"
"Là où est la messe, là aussi est le repas"

Ce vieil adage ecclésiastique rappelait l'usage, pour le curé ou le seigneur du lieu, d'inviter à sa table le prêtre venu célébrer la messe dans une autre paroisse que la sienne ou dans une chapelle privée. Il était souvent justifié par une citation de la première lettre de St Paul aux Corinthiens  : "Arrive-t-il qu'on serve dans l'armée à ses propres frais ? qu'on plante une vigne sans manger de ses fruits ? qu'on garde un troupeau sans boire du lait de ce troupeau ? (1 Co 9,7) ".  Les statuts synodaux  avaient souvent mis en garde les prêtres (souvent issus de milieux modestes) contre les abus d'une telle pratique et donné des instructions sur le comportement à avoir en de telles circonstances. Mais pour le pauvre titulaire d'une cure crottée ou le famélique vicaire réduit à une fraction de  portion congrue, la tentation devait être forte d'user (et d'abuser) de ce droit. Et ce qui était au départ un simple geste d'hospitalité et de courtoisie pouvait devenir, pour l'hôte, une charge difficile à supporter; C'est ce que semble suggérer une lecture attentive (et quelque peu malicieuse) de poussiéreux actes de procédure!

 

En 1660, Séraphin de Mauroy, contrôleur général des finances, signait un "contrat de donation entre vifs, en faveur des Augustins de Paris, d'une maison et de six arpents de vignes à St Fargeau ". Ce terrain était voisin du château de Maison-Rouge, construit au début du XVIIème siècle, par Nicolas Le Jay, Premier Président du Parlement de Paris. Par acquisitions ou donations, les religieux Augustins allaient agrandir leur domaine jusqu'à la Révolution, y construire une maison de campagne (dite le Prieuré) et y créer un magnifique enclos de vigne.

En 1701, Messire Claude Le Jay, chevalier non profès de Malte, capitaine au régiment des Gardes Françaises, fait cession aux Augustins de cinq quartiers de terre..."à condition que le couvent enverrait un religieux prêtre en son château de Maison-Rouge pour y dire la messe toutes fois et quand il en avertira et ce pendant sa vie et celle de Madame son épouse s'il se marie..." ce qu'il fait deux ans plus tard.
Mais dix ans plus tard, le 14 mars 1713, est établie une "transaction sur procès entre les Augustins et Messire Le Jay et Madame Pajot son épouse... Les Augustins s'obligent de nouveau à l'exécution du contrat de 1701 et promettent de continuer à envoyer un religieux prêtre dire la messe au château quand le dit Seigneur ou Madame Le Jay y seront et qu'ils en auront été avertis sans que Monsieur ou Madame Le Jay soient tenus de nourrir et de loger le religieux prêtre !!!

Les pièces citées proviennent des Archives Nationales S 3641. La série S rassemble les archives des établissements religieux situés dans l'ancien département de la Seine saisies en 1789 au moment de la mise à disposition de la Nation des biens du clergé. On y trouve, sous les cotes S 3641 à 3644 des documents (de 1585 à 1792) concernant les biens des Petits-Augustins, ou Augustins de la Reine Marguerite : titres de propriété, donations, acquisition, arpentages et plans. Un nombre important de ces pièces concerne les biens situés à St Fargeau.
Sur ce site voir aussi à propos des Augustins
"Jacques-Louis-Florentin Engramelle" et  "14 Juillet 1789 "
Sur Seraphim de Mauroy, un article de la Revue du Louvre :
http://www.louvre.fr/archives/tableau/janv99/txtjanv.htm

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