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Traverser la Seine - le passage de Saint-Assise

Avant le pont

Une naissance difficile

1870-1871

Un pont républicain

1939-1944

Vers l'an 2000

Le 3 avril 2004, une plaque portant le nom du Maréchal Juin a été posée sur le pont qui relie les deux berges de la Seine entre Seine-Port et St Fargeau-Ponthierry. Le souci légitime de rappeler, par le souvenir d'un des grands acteurs de la victoire de 1945, l'importance du franchissement de la Seine par  l'armée Patton, ne doit pas faire oublier le nom de Saint-Assise que ce passage du fleuve porte depuis près d'un millénaire. Et son histoire est bien plus ancienne encore....

Avant le pont

Celui qui a passé le gué sait combien la rivière est profonde (proverbe basque).
 
Les gués de la Seine étaient connus depuis la préhistoire et permettaient de la passer sans trop de difficultés à pied ou à cheval. Les moines qui fondèrent St Acire (devenu plus tard St Assise) au début du XIIème siècle connaissaient bien le fleuve ou ils possédaient gord (pêcherie) et moulin. A la veille de la "canalisation" de la Seine, vers 1840, on  compte treize gués entre Melun et Corbeil, d'une profondeur moyenne de 65 cm. A Boissise le Roi, le passage mesurait 360 m pour une profondeur de 52 cm, à St-Assise 352 m pour 70 cm, à Maison-Rouge 300 m pour 60 cm. Enfin, à la Guiche, il n'y avait que 190 m de traversée dans 60 cm d'eau. Mais les éclusées - lâchers d'eau pour entrainer les trains de bois du Morvan vers Paris- rendaient le passage très dangereux et il devenait impossible pendant quatre à cinq mois de hautes eaux d'hiver et de printemps.

Je ne suis que le passeur ! Je ne m’éloigne jamais d’un bord ou de l’autre du fleuve (Yves Bonnefoy).
Pour passer deux ou trois personnes sans se mouiller, on faisait appel aux nombreux batelets des passeurs (souvent  aubergistes ou maîtres-pêcheurs). Ils assuraient aussi le transfert des passagers là où les coches d'eau (et plus tard les bateaux-vapeur) ne faisaient pas escale. Dans cette région de vignes où les vignerons faisaient tout pour échapper au fisc, ces petites barques facilitaient les transports de vin clandestins : le 28 juin 1763, les contrôleurs des aîdes arrêtent une barque chargée de tonneaux "au port et passage de Saint Assise, paroisse de Seine-Port", pour la contrôler. Le batelier coupe "avec précipitation la corde, pousse au large de la rivière et rame avec force du côté de Corbeil." Il échappe enfin aux poursuites en se réfugiant de l'autre côté de la rivière "paroisse de St Fargeau". (ADSM 35C68).

Comme le bac relie une rive du fleuve à l'autre, les élans du cœur unissent les hommes (proverbe chinois) : mais aussi les réalités économiques ! Dès qu'il s'agit de transporter marchandises et voyageurs, c'est au bac qu'il faut faire appel. En 1618, Nicolas Le Jay, seigneur de Tilly et Maison-Rouge, Président au Parlement de Paris et homme d'affaires avisé, demande au Roi "de luy accorder l'establissement d'un bacq sur ses terres pour passer du lieu le plus commode pour le public du Gastinois et Heurepoix dans la Brie". Le Bureau de la Ville de Paris, qui gère le trafic sur la rivière, déclare "lequel bacq audict lieu grandement nécessaire pour le public, attendu qu'entre Corbeil et Melun, il n'y en a aulcun estably".(A.N. H 1800, f°118 v°). Mais c'est à Saint-Assise qu'il sera établi : "Arrivée au port de S.Assise, il y a une auberge sur le bord septentrional de la rivière et un bac (Le conducteur français, Route des coches de Seine, Paris 1780). Il en coûte 8 sols pour passer une charrette et ses 6 chevaux. Le grand bac de 1812 (12 m sur 6), avec ses rampes d'accès à bascule, embarque une soixantaine de personnes ou une quinzaine de chevaux.


Texte
© Jean ROBERT 

Avant le pont

Une naissance difficile

1870-1871

Un pont républicain

1939-1944