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"Quand nos ancêtres vivaient de la Seine "¨
Notes d'histoire sur la pêche et les pêcheurs professionnels
Les prises et la vente |
Menu fretin et belles prises
Dans le fleuve encore "sauvage", les rives encombrées
de végétation offrent de nombreux abris pour le frai et les jeunes
alevins. La réglementation royale (taille des prises, engins prohibés,
périodes de fermeture, etc...) témoigne explicitement d'un souci
"écologique" ! Aussi la faune halieutique est-elle beaucoup
plus variée et nombreuse qu'aujourd'hui : ablettes, gardons, lancerons,
barbeaux, vandoises ou chevesnes, brêmes, lottes, tanches, perches, carpes,
brochets, aloses et lamproies. L'eau était assez pure et claire pour
écrevisses et truites de belle taille : 1 pied et demi à Corbeil
en 1620 !
Les Anguilles de Melun
En aval des moulins et des tanneries, les anguilles, attirées
aussi par les déchets des villes, étaient la prise la plus abondante
et la plus appréciée. Les Anguilles de Melun étaient passées
en proverbe dès le moyen-âge. Dans le Gargantua de Rabelais, Picrochole
répond à un personnage toujours en train de se plaindre : «
vous semblez les anguilles de Melun, vous criez desvant qu'on vous escorche
! » La matelote d'anguille était le plat "national"
des bateliers de Seine et les pêcheries approvisionnaient les guinguettes
des environs de Paris où elles étaient fort appréciées..
Mais on pêchait bien d'autres choses
!
Pendant longtemps, les saumons remontèrent
la Seine. En 1433 : «...à Corbeil, ils prennent de tels
poissons et l'envoient vendre à Paris .» D'autres suivent un
chemin plus original : depuis l'ouverture du canal de Briare (1642), ils suivent
les bateaux amenant à Paris le sel de Loire-Inférieure ! "En
1827, il a été pêché un esturgeon de 2,15 m de longueur" sous
le grand pont de Melun. Le mardi 16 mars 1653,
jour de caresme-prenant, sur la table royale de Fontainebleau, figurent
(entre autres) huit tortues et deux cents grenouilles.
Il arrivait que les pêcheurs trouvent dans leurs filets du gibier
d'eau, mais aussi des cygnes (en principe protégés) ou des hérons
dont la chair était, au moyen-age, recommandée aux malades !
Enfin, ils touchaient une indemnité pour les "épaves"
de toute sorte et les naufrages des trains de bois, coches d'eau ou transport
de marchandises diverses n'étaient pas rares. Parfois l'aubaine ne profitait
pas qu'aux pêcheurs, comme à Boissise
la Bertrand en 1728 !
Conserver et vendre
La plupart des prises étaient vendues
rapidement sur le marché local. La demande était forte : une bonne
centaine de jours de l'année (vendredis, carême, etc) étaient
"maigres" d'après les lois de l'Eglise. Certains pêcheurs
étaient aussi aubergistes ou au service d'aubergistes. D'autres
réservaient leurs plus belles pièces à leur seigneur et
employeur. Pour conserver le poisson vivant , on utilisait des "boutiques"
(sorte de viviers de pleine-eau), des nasses, des étangs parfois artificiels.
Un inventaire du chateau de Maison-Rouge y signale une "glacière"
creusée dans les jardins. En cas de "pêche miraculeuse",
le poisson pouvait être fumé ou salé, mis en "baril"
et expédié par les voituriers d'eau. C'est aussi par le fleuve
que les plus belles prises étaient expédiées vers les marchés
parisiens.
La vente
n'y est autorisée qu'aux marchands-pêcheurs habitants
à moins de deux lieues de Paris mais, d'après le Traité
de la Police de Delamare (1719, « le grand débit
qui se fait à Paris ne peut pas manquer d'inviter les pêcheurs
des lieux qui sont au delà de cette limite d'y apporter les
poissons de leurs pêches; nous en voyons principalement de
Corbeil, de Melun et d'autres lieux situés sur la Seine.» |
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