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"Quand nos
ancêtres vivaient de la Seine "¨
Notes d'histoire sur la pêche et les pêcheurs professionnels
Corporation et règlements |
Devenir pêcheur...
Mais les lettres de provision ne suffisaient pas car les pêcheurs
avaient verrouillé l'accès au métier : pour se faire agréer
par les maîtres-pêcheurs en place et obtenir des "lettres de
bienvenue" (moyennant finances), il fallait faire preuve de ses compétences
! Un maître-pêcheur ne peut employer comme aide qu'un autre maître
ou un apprenti mais si celui-ci est son fils, il paiera moins cher le droit
"de bienvenue".
L'an 1787, le 25 may, heure de midy..devant le bailli de
Villeroy, est comparu René
Verjeou, aubergiste au Bas-Coudray. Lequel nous a dit que, dès son bas
âge, il a travaillé à la pêche chez le maître-pescheur
sur la rivière de Seine,...il nous requiert de le recevoit en l état
de maître-pescheur au port du Coudray....Il s'engage à
respecter les règlements de la Maîtrise de l'Eau. Après avoir
pris l'avis de Jean Louis Drouin, maître-pescheur et maître de la
communauté ai port de Corbeil, de Jean Baptiste Chamblain, maître-pescheur
à Seine Port, de Claude Vessière, aussi maître-pescheur
au même Port, lesquels nous ont certifié connaître le dit
René Verjeou pour être de bonne vie et moeurs et en état
d'exercer la profession de pescheur...nous avons admis le dit René Verjeou
pour maître-pescheur. Vers 1720, Vincent Tillard est pêcheur
et passeur à Tilly. Il paie chaque année, aux assises de la Maîtrise
de l'Eau, le dû de son maître, seigneur de Tilly-Maison Rouge et
St Fargeau. En 1733, après sa mort, le seigneur envoie un nommé
Laurent Pron. On prend bien son argent mais sur le registre, en face de son
nom, on écrit : se disant le pêcheur du dit seigneur mais non-reçu
en cette maîtrise !
Un métier très réglementé
De
Philippe le Bel (en 1289) à Louis XVI, le pouvoir royal entend réglementer
la pêche dans tout le royaume. Il est interdit de pêcher dimanches
et jours de fête (près de 80 jours), d'utiliser certains appâts.
La pêche de nuit est prohibée pendant la période de frai
et lorsque la rivière est gelée. La maille des filets ( plombés
"aux armes du Roi" ) est vérifiée. Des tailles minimum
sont fixées. Certaines espèces sont
protégées
totalement ou au moment du frai.
Les gardes et inspecteurs veilleront sur les pêcheurs à ce qu'ils ne contre viennent à aucun règlement et s'ils étaient trouvés pêchant en temps de frai et saisons prohibées, ou jetant dans les rivières aucune chaux, noix vomique, coque de levant, momie ou autres drogues et appâts, comme aussi dans le cas où ils emploieraient des filets non marqués aux armes du Roi ou des filets prohibés comme gille, tramail, furet, épervier, chalon, fabre, cliquette ou autres inventés au dépeuplement des rivières, lesdits gardes et inspecteurs saisiront les dits filets... (Arrêt de la Table de Marbre au Parlement de Paris du trois septembre mille sept cent soixante seize).
La plupart du temps, les contrevenants s'en tirent avec une amende et ils récupèrent leurs "engins" mais la récidive n'est pas rare. Sont aussi punies d'amende l'insolence envers les gardes et la non-déclaration d'épaves: celles-ci sont nombreuses sur un fleuve beaucoup plus fréquenté (mais plus) dangereux qu' aujourd'hui. (Un naufrage providentiel à Boissise la Bertrand 1728).
Corporations, confréries, bans...
Malgré ces difficultés et les dangers du fleuve ( Martin Mèneret de Seine-Port se noie le 19 février 1620 dans une Seine en crue), le métier semble nourrir son homme. A la veille de la Révolution, les pêcheurs sont une cinquantaine sur le Fief de la Mothe de Corbeil. De l'Ecole à Montereau, ils sont une soixantaine dont 22 pour le "ban" de Melun, 10 et 13 pour ceux de Samois et Montereau. L'arrêt de 1776 interdit la profession aux "femmes et filles" mais quelques veuves de pêcheurs ont pu l'exercer en attendant la majorité de leur fils.
Regroupés
en corporation (à Melun), en confrérie (à Corbeil),
en ban (par port d'attache), ils forment un groupe social relativement
fermé, se reproduisant par parrainage ou cooptation.
Les registres paroissiaux révèlent de véritables
dynasties , sur le fleuve de père en fils. On y trouve aussi
de nombreux mariages entre enfants de pêcheurs. Ils vivent
dans les mêmes quartiers, près de l'eau. A Corbeil,
.on les trouve à St Léonard ou St Jacques. A Melun,
ils habitaient autour de la rue de la Pescherie ou rue Poissonière
('actuelle rue des Potiers) et leurs bachots étaient amarrés
sur la Seine près de la poterne des Pescheurs. |
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