Fil d'Ariane > Région > Hiver 1709
Le terrible hiver de 1709
:
|
Cette misère est au point que la plus grande partie n'ont pas de pain, sans pouvoir être soulagez de l'aumosne qui se devroit faire dans lad. Parroisse comme dans les autres en exécution des déclarations du Roy, les bourgeois et propriétaires du territoire de la d. parroisse n'ayant rien recueilly l'année dernière, ny espérance de recueillir l'année présente par les différentes gelées qui sont survenues sur les vignes dont la plus grande partie est délaissée et abandonnée, fait que l'on n'a jusques à présent pu recouvrer que cent dix huit sols sur le roolle qui a été fait pour la subsistance des pauvres de cette paroisse; je voudrois bien, Monseigneur, estre en état de les soulager, mais Votre Grandeur conçoit bien que je souffre comme eux de ce deffault de récolte. Outre ces accidents, ils ont encore le malheur d'être tourmentez par les collecteurs qui sont forcez de les persécuter, étans écrouez dès le 17 may dernier à la requeste du receveur des tailles de Melun, pour raison de quoy le geollier desd. prisons leur fait payer à chacun des . collecteurs deux sols par jour, quoyque touttes les contraintes qu'ils peuvent faire leurs deviennent inutiles, les cottisez n'ayans aucune chose qu'ils puissent saisir, ny vendre. La charité et mon devoir m'obligent d'informer Votre Grandeur de tous ces faits que j'atteste à Votre Grandeur pour être très véritables et dont elle pourra être informée par celuy de ses subdélégués auquel Elle voudra bien s'en informer. Ainsy ces pauvres habitans espèrent de Votre Grandeur qu'elle aura la bonté dy pourvoir et d'empêcher que le receveur des tailles use de contraintes jusqu'à ce que ces habitans ayent recouvert quelque chose et trouvé à travailler pour vivre et de quoy payer leurs taxes..." Archives nationales G 7 426 à 442; Fonds de la Généralité de Paris, cité dans : DAUVERGNE (Robert), « La vigne dans les environs de Paris au temps de Louis XIV », Bulletin de la Société d'histoire de Paris et de l'Ile de France, 1966 (1964), p 84-85. |
" En 1709, la fâcheuse année
de grande famine. Les gelées commencèrent le lendemain
des Rois, d'où l'hiver, qui dura trois mois, gela tout en
général, les blés, les vignes et les arbres
fruitiers furent gelés entièrement. Sans l'orge, nous
étions tous perdus, mais Dieu y mit la main. Le setier valoit
40 livres au mois de may pour semer. Il y a eu une si grande famine
l'année mesme que les pauvres gens mangeoient l'herbe, comme
les bestiaux, et l'avoine et la vesce. Le bled a valu dans le marché
de Melun 72 livres le setier, et à Paris 100 livres le setier.
C'étoit une chose pitoyable. Dieu nous a préservés
de tel malheur. Nous devons un grand respect à l'orge, car
sans elle nous serions morts de faim. J'en ai ensemencé environ
un arpent, j'en ai recueilli 16 setiers. Les bons arpents faisoient
jusques à 20 setiers. On ne recueillist ni blé ni
vin. Le vin valoit 100 livres le muid.
|
Fil d'Ariane > Région > Hiver 1709