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Les guerres de religion vont "ramener les mêmes scènes sinistres, la même accumulation de ruines, de pillages, de viols, d'exactions de toute sorte" (J.Jacquart) que rapporte Jean.de La Barre, dans ses Antiquitez de la Ville, Comté et Chastellenie de Corbeil, parues en 1647.

 En 1562, Corbeil est assiégée par les huguenots de Condé. "Le gros de l'armée se logea aux villages circonvoisins: sçavoir, l'avant-garde à Essonne, la bataille (corps de bataille) à St Fargeau, l'arrière-garde à Ballancourt; et pour dire en un mot, il n'y eut village ni hameau sur le Gastinois qui ne fut empli de gens d'armes. Le séjour de ces deux armées, l'une (huguenote) en Gastinois, l'autre(catholique) en Brie fut cause que tout le territoire de la Chastellenie de Corbeil (dont dépendait St Fargeau) fut destruit et désolé, encore plus du côté du Gastinois ou il ne demeura aucun arbre fruitier debout ni maison avec la couverture...

Sébastien Vrancx (1573-1647) - Pillage d'un village

Le siège de Corbeil  en 1590 - carte allemande XVIIème siècle

Corbeil et son territoire demeura vuide de tous biens qui avoient été consommés par une si grande multitude de soldats, dont il y en eut plusieurs atteints de peste". De 1589 à 1594, le conflit entre Henri IV et la Ligue ensanglante de nouveau l'Ile de France. En 1590 nouveau siège de Corbeil : "le prince de Parme et les espagnols (catholiques) enlevèrent tous les bestiaux, vins et grains de la Brie, du Gatinais et de la Beauce… ils fourroient tout dedans leurs grands chariots et les portaient vendre à Paris bien chèrement et le plat pays demeura vide et nettoyé comme au ballet (balai). Il n'y resta aucuns vivres ni commoditez".  En 1601, le Chapitre Notre Dame de Paris vend des terres à St Fargeau qui "pendant les  troubles et guerres ont subi grandes ruynes et démolitions...Les bois de Villiers ont été dissipés et gâtés par les gens de guerre pendant le siège de Corbeil". (AD Essonne 47J20)

 Un demi-sècle plus tard, éclate la Fronde. Hiver1649: troupes royales et insurgés s'affrontent au sud de Paris. Eté 1652:  "Frondeurs" de Condé et les "Mazarins" de Turenne dévastent le pays, au fil des marches et combats. S'y ajoutent les "terribles excés des mercenaires lorrains". Les "Relations charitables ou Etat sommaire des misères de la campagne et besoins des pauvres des environs de Paris" de Vincent de Paul recensent, village par village, avec une effroyable minutie, les ravages de la guerre, de la famine et des épidémies. On ne compte plus les morts mais les malades, orphelins et nécessiteux : 3, 8 et 2 au Coudray, 3, 12 et 17 à Villabé, 15, 12 et 8 à Soisy, plus de 600 malades sur le secteur.

Jacques Callot - Pillage d'un village 

  Une "information" ou enquête (encore inédite) de 1653 rapporte le témoignage des vignerons de Brinville et St Sauveur sur les ravages opérés par les pillards: François Coudray " vit quantité de soldats qui avaient brulé, rompu et forcé les portes du chateau du dit Montgermont nonobstant la résistance que l'on fit contre eux..." Ils poursuivent leur chemin vers Moulignon et le Coudray, raflant chevaux et moutons, vidant coffres et saloirs, laissant "pendu, la corde au collet, devant la chapelle....". Des soldats du régiment de Picardie pillent le coche d'eau de Sens en amont de Corbeil et tuent le patron, après la fin théorique des hostilités ! " Les gens commis à la réception des dîmes sont en grande peine, danger, péril et hasard à cause du danger des chemins qui sont tant par terre que par eau et des gens de guerre qui tiennent la campagne, qui volent, pillent et tuent et font toute autre sorte de brigandage de telle sorte que l'on n'oserait sortir des villes.. " (Chambre du Clergé de Sens, 5.7.1653; ADYonne G 574)

Les guerres du XVIIIème siècle et de la Révolution se déroulent aux frontières et ne touchent pas directement notre région. C'est avec l'effondrement de l'Empire qu'armées étrangères et françaises traversent de nouveau le pays. Mais elles sont mieux organisées, les services d'intendance ont été créés, la "maraude" n'est plus une institution; on se plaint plus des réquisitions que du pillage organisé. En 1814, la ferme des Bordes est cependant "entièrement dévastée par le passage et le repassage des troupes…".." L'an mile huite canc quatorze cete anne a été maleureuse en ce que depuis le commancemant du mois

de mars jusqu apres les feste de pacque lon aver a loger jusqua 25 soldats par maison qui  piêr et manger toute ce qu ils pouver atraper. Lonaver toute cachée du mieux quil étté posible...(sic) " (du livre de comptes de Pierre Antoine Noirot, menuisier à St Sauveur sur Ecole, ADSM)
1815 : les russes dévastent les vignes autour de Melun, les prussiens sont à Chailly, Perthes, St Sauveur…Le maire de St Germain sur Ecole écrit: le vin a été consommé l’année dernière par les troupes françaises. Point de récoltes  la dernière vendange, le peu qu’il y avait a été consommé par la suite des troupes du prince de Bavière.

Il en est de même à Pringy : cette commune n’est habitée que par des vignerons pauvres et plus malheureux que jamais, privés de récoltes depuis deux ans et qui ont supporté le passage immense des troupes françaises et alliées…

 

En 1870, malgré la résistance des francs-tireurs, les communes ne souffrent guère que de réquisitions. Saint Fargeau fournit ainsi plus de 2000f de pain et de vin aux soldats prussiens chargés de rétablir et garder le pont de Ste Assise.

 

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