Fil d'Ariane > Région >Guerres et pillages 1

La vallée de la Seine, l'un des grands axes de circulation de notre pays, fut, au cours des siècles, le théâtre de nombreux épisodes dramatiques: guerres civiles ou religieuses, invasions, révoltes, répressions, brigandage...  La mémoire a fait son nécessaire travail d'oubli mais récits des chroniqueurs ou témoignages d'archives font encore affleurer quelques images des "malheurs des temps".

 

Récits des temps mérovingiens: En 582 "Le roi Hilperik donna l'ordre de départ et se mit en route à la tête des siens, par la voie romaine du sud-est. Les troupes longeaient la rive gauche de la Seine.... Elles marchaient sans ordre et sans discipline, s'écartant à droite et à gauche pour piller et pour incendier, enlevant les meubles des maisons, le bétail, les chevaux et des hommes qui, liés deux à deux, suivaient, comme prisonniers de guerre, la longue file des chariots de bagage.
La dévastation s'étendit sur les campagnes au sud de Paris, depuis Etampes jusqu'à Melun, et elle continua autour de cette ville, quand les bandes neustriennes eurent fait halte pour l'assiéger. Les jours et les mois se passèrent dans des tentatives d'assaut inutilement renouvelées, où les guerriers franks firent sans doute de nombreuses prouesses, mais qui mirent à bout leur patience. Ennuyés d'un campement prolongé, ils devinrent de plus en plus indociles, négligèrent le service qui leur était commandé, et ne s'occupèrent avec ardeur qu'à battre la campagne pour amasser du butin.." (Augustin Thierry)

En 845, les Normands remontent la Seine. Ils atteignent Melun qui est incendiée. Les raids se succèdent : en 862, 866, 885, 887, après avoir échoué devant Paris, 888 en revenant de piller la Bourgogne. Leur dernier passage est signalé en 909. "Pour peindre en raccourci les massacres et les dévastations que les Normands commettent dans les proches abords des villes qu'ils assiègent, un clerc du IX° siècle écrit : Le vigneron et les cultivateurs subissent tous, ainsi que les vignes et la terre, la domination cruelle de la mort." ( Abbon, cité par R.DION, Histoire de la vigne et du vin en France.) 

 

 

Dès l'an mil, sous les Capétiens,  se met en place " un scénario qui se prolongera bien des siècles: une ville ne tombe rapidement que par trahison ou par ruse, il faut donc affamer, démoraliser ses habitants, donc désoler le plat pays environnant par incendies, destruction des récoltes, arrachage de vignes, enlèvement de bétail, etc., sans parler de la prise de captifs, voués alors à l'esclavage."(Fourquin, le premier moyen âge, dans l'Histoire de la France rurale, dirigée par G.Duby.).  A partir de 1346, toute la région est touchée par la guerre de Cent ans. A chacun des nombreux sièges de Melun et de Corbeil, villes-clefs du ravitaillement de Paris, le plat-pays connaîtra les mêmes épreuves.

En 1358 éclate la révolte paysanne, la Jacquerie. Les nobles réagissent violemment : le Roy donne" rémission pour des nobles de Corbeil convaincus d’avoir couru sur les gens du plat-pays pour prendre et piller leurs biens, tels que du blé, du vin etc…et leur avoir fait moult griefs, lésions et dommages en corps et en biens…" Les Grandes Compagnies, "ces brigands, conqueroient et dévastoient de jour en jour toute le pays entre la rivière de Loire et la rivière de Sainne" (Froissart). Dans une autre lettre de rémission  sont cités "les habitants de Perthes, St Martin en Bière, Fleury, Cély et St Sauveur qui s’étaient laissé rançonner…(A.N. JJ 86 n°533). En 1380, la seigneurie de St Fargeau qui passe au chapitre ND de Paris, "est en mauvais état à cause de la guerre" (A.N. S 263).

Après une accalmie d'une génération, la guerre de Cent Ans reprend vers 1410. En 1417 "allèrent les Bourguignons devant Corbeil et fourrèrent le pays tout autour". (Journal d'un bourgeois de Paris). En 1420, le siège de Melun par les Anglais ravagea les alentours. Vers 1431, Chailly autrefois moult peuplé n'avait plus qu'une douzaine d'habitants et Perthes était passé de 180 feux à une vingtaine.. Les comptes du doyenné de Melun en témoignent : en 1439, on ne peut encaisser les dîmes " car, à cause du tourment des guerres, dans la plupart du pays, il n'y a plus ni curé ni paroissien ...."(A.D. Yonne G 350)

Ce "siècle de calamités" s'achève vers 1450. Trois générations vont connaître des années de paix permettant un renouveau démographique et économique. C'est le "beau seizième siècle" avant que n'éclate, vers 1560, un nouveau temps d'épreuves.

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