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Les combattants de Dannemois (extrait de l'ouvrage de Ledeuil - Les Francs-Tireurs
de Paris)
Le sergent Bloch
...Le sergent Bloch, s'étant élancé avec quelques
hommes contre une briqueterie, tentait d'en déloger les cavaliers qui
s'y abritaient quand, d'autres cavaliers survenant, c'est lui à son tour
qui est attaqué. Feu ! dit-il; et lui-même épaule, mais
une balle à ce moment lui brise le bras gauche et lui fait lâcher
son fusil. En même temps, deux de ses hommes tombent. La colère
le gagne, il ressaisit son arme de la main droite et, de droite, de gauche,
à coups de crosse, fonce sur les cavaliers. Il en démonte un ici,
reçoit un coup de sabre sur la joue, là. Il redouble de rage.
Deux balles lui frappent la poitrine, une autre balle la jambe droite, un troisième
coup de sabre sur la tête l'abat. Un cavalier va l'achever quand le franc-tireur
Retrou, au risque de tuer le sergent, fait feu et le délivre de son dernier
ennemi.
Fait prisonnier et soigné à Milly, Bloch survécut à
ses blessures. En novembre, il s'évade et rejoint d'autres isolés
en forêt de Fontainebleau. Rentré à Paris après l'armistice,
il prend part à l'insurrection de la Commune après laquelle il
aurait été emprisonné ou déporté.
Les Francs-tireurs Lecomte, Péquin et Picquoin
...l'avant-garde, conduite par le caporal Fauvel, ne veut pas rejoindre
son détachement sans s'être assurée du nombre d'ennemis
restés dans Dannemois. Sept hommes s'avancèrent vers le village.
A peine venaient-ils de se montrer que 150 ou 160 cavaliers s'élançaient
sur eux de toute la vitesse de leurs chevaux et avec des cris effroyables.
- Le bois est trop loin, résistons, dit Picquoin. Mais c'est comme
une avalanche qui va tout engloutir que la colonne lancée contre eux
. Quatre cherchent à gagner le bois. Trois attendent de pied ferme...Coup
sur coup, ces intrépides déchargent deux fois leurs armes. Mais
c'en est fait. Le souffle ardent des chevaux les brûle. Ils se sentent
emportés par une masse et broyés sous un poids formidable. Hommes
et chevaux sont sur eux. Leurs os craquent, leurs chairs saignent. Deux sont
tués, Lecomte et Pecquin, Picquoin respire encore, le corps tordu, la
tête hachée*. Des quatre qui ont cherché à s'échapper,
trois sont faits prisonniers. Fauvel seul peut se sauver.
O les lions ! O les braves ! Exagérions-nous en disant ces scènes
épiques !
*Recueilli par les Prussiens, Picquoin survécut, lui aussi, à ses sept terribles blessures, après plus de trois mois d'opérations et de soins par le docteur Ballu de Melun.
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