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Naissance
du royaume de France
En 987, Hugues Capet, duc
des Francs, est élu roi par l'assemblée des grands.
Mais le domaine royal ne s'étend que d'Orléans à
Etampes, Paris et la vallée de l'Oise et ,
partout, les seigneurs, maitres des châteaux, se veulent autonomes
sur leurs terres. Certains n'hésitent pas à piller
et rançonner voisins ou voyageurs de passage. Il faudra un
siècle et demi aux rois capétiens pour exercer réellement
leur pouvoir sur ce qui est en train de devenir le royaume de France.
Au début du XII° siècle, la prise des châteaux
de Monthléry et de Corbeil assure le passage entre Paris
et Melun où résident volontiers les premiers Capétiens.
Si les seigneurs gardent leurs terres, le roi assure
la sécurité et contrôle le commerce,
routes et marchés. Dès le XII (?)siècle, c'est
aux gens du Roi qu'il faut verser droits de péage à
Ponthierry, au passage de l'Ecole, limite des chatellenies de Corbeil
et Melun. La "paroisse" de Saint Ferréol sur Seine
dépend toujours de l'évêque de Sens mais elle
est rattachée, pour l'administration et la justice, à
la Prévôté et Vicomté de Paris et donc
au Royaume de France. A partir du XII° siècle, notre
région fera partie de l'apanage (portion du domaine royal)
attribué aux Reines de France.
Des seigneurs pillards aux
religieux seigneurs
Pour affaiblir
les nombreux petits seigneurs féodaux et favoriser défrichement
et mise en valeur, le pouvoir royal s'appuie sur les grands établissements
religieux. Sur notre commune, le petit prieuré bénédictin
de Jonville , fondé vers 1100(?), est la seule implantation
monastique. Ailleurs, il n'y a pas de religieux sur place mais la
terre et ses revenus leur appartiennent. Vers 1200, la "grange"
de Boulineau est passée des mains de Simon d'Ormoy et de
Robert de St Fargeau à celles des bénédictins
des Vaux de Cernay..Un siècle et demi plus tard, les chanoines
de Notre Dame de Paris tiennent Auxonnettes
puis St Fargeau, les cisterciennes de Meaux Jonville et les Bordes
et les chartreux Tilly.
L'Ile de France devient le grenier
et le cellier de Paris. Les riches limons du plateau, autour de
Boulineau, sont le domaine des "grains", en vastes champs
ouverts. Le coteau de Seine et les pentes descendant vers le ru
de "la Fileuse" se couvrent de vignes. De Tilly, blés
et vins sont acheminés vers Corbeil et Paris par le fleuve.
En marge des grands domaines seigneuriaux, laboureurs et surtout
vignerons gagnent, lopin par lopin, un peu d'indépendance.
Des brumes du passé émergent
des visages, à demi-effacés, sur les murs de
nos églises : à Moulignon,
celui d'Alix, morte à 15 ou 16 ans, vers 1200 ; à
St Fargeau, celui d'un curé du XIV° siècle. Celui-ci
a connu le vieux clocher qui domine encore la Seine. Ses enfants
de choeur ressemblaient-ils aux angelots sculptés aux piliers
de son église?

Les temps de malheur (1350-1450)
Ce premier développement
va subir un brutal coup d'arrêt qui durera près d'un
siècle 
D'abord, la peste noire qui, l'été de 1348, s'abat
sur l'Ile de France suivie d'un long cortège d'autres épidémies,
de disettes et de famines. La guerre ensuite, dite de
Cent ans : guerre entre Français et Anglais, guerre civile
entre Armagnacs et Bourguignons. Melun et Corbeil, clefs du ravitaillement
de Paris, sont assiégées à maintes reprises.
Chaque fois, les campagnes environnantes sont pillées et
ravagées. Les villageois fortifient leurs églises
sans grand succès et le "plat pays" se vide de
sa population. Aux méfaits des armées "officielles"
s'ajoutent les atrocités des mercenaires, Grandes Compagnies
et Ecorcheurs. En 1358, "ces brigands
conqueroient et roboient (volaient) de jour en jour tout le pays
entre la rivière de Loire et la rivière de Seine". Désespérés, les paysans, les "Jacques"
se révoltent et déclenchent de terribles répressions.
Pour apaiser la Grande Jacquerie, le roi de France gracie les survivants
de deux camps. Paysans comme "Jehan
Bruyant, de St Fargeau, qui avait participé à la révolte
du plat pays contre les nobles et en particulier à la destruction
du château de Villiers, près de la Ferté-Alais".
:Nobles de Corbeil "convaincus
d’avoir couru sur les gens du plat-pays pour prendre et piller leurs
biens, tels que du blé, du vin etc…et leur avoir fait moult
griefs, lésions et dommages en corps et en biens…"
Il faut attendre les années
1450 pour qu'après l'épopée, devenue vite légendaire
de Jeanne d'Arc, et le départ des troupes étrangères,
l'Ile de France retrouve paix et stabilité.
 "Enfants jouant à Jeanne d'Arc".
Histoire de France d'Ernest Lavisse. 1921
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