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Au temps
des royaumes Francs
Devant
l'affaiblissement du pouvoir romain, l'Eglise devient la seule institution
capable de maintenir un semblant d'organisation. Les préfectures
romaines deviennent diocèses. Sens est le siège d'un
immense évêché s'étendant de la Bourgogne
à l'Ile de France. Le christianisme commence à gagner
les campagnes sous l'impulsion de grands évêques comme
St Germain d'Auxerre (qui a donné son nom à St Germain
sur Ecole.). A Paris, sa disciple la plus célèbre,
Ste Geneviève, incarne la résistance aux envahisseurs,
Huns d'Attila et Francs de Childéric. C'est ainsi,qu'un
beau jour, on vit défiler sur la Seine un convoi d'une douzaine
de bateaux lourdement chargés, se dirigeant vers Lutèce.
A leur tête, une silhouette féminine : Geneviève
était allée en Champagne pour ravitailler Paris que
les Francs cherchaient à réduire en l'affamant. Son
souvenir est resté présent à Moulignon : pendant
longtemps, une confrérie féminine lui fut dédiée
et une source porte encore son nom. En 486, la victoire de Soissons ouvre la route de la Seine
et de la Loire aux guerriers de Clovis. Paris devient peu à
peu la résidence préférée des rois francs.
Mais ils se déplacent souvent, avec armes et bagages, entre
leurs riches domaines (les villas) comme celui d'Essonnes. Quelques précieuses
mais trop rares trouvailles, comme cette boucle de ceinture, nous
permettent
d'imaginer la richesse de ces arts trop longtemps dits "barbares"
devenus aujourd'hui arts premiers! . Mais
on ignore tout de la vie dans les campagnes qui semblent s'appauvrir
et se vider. La forêt est partout présente : forêt
"lointaine" aux mille dangers, vagabonds et bêtes
sauvages, mais refuge aux temps de troubles; forêt "proche",
réserve de bois, lieu de pacage des porcs, de chasse et de
cueillette; forêt des mythes et légendes d'où
surgit le bestiaire fantastique semé au fil des manuscrits
par les enlumineurs.
La
mort de Clovis inaugure deux siècles et demi de guerres et
de dévastations. Ses descendants se taillent à main
armée de larges parts d'héritage. Notre région
est rattachée au "royaume de Paris". Les chroniques
du temps nous décrivent " la dévastation qui
s'étendit sur les campagnes au sud de cette ville".
Melun, qui contrôle la traversée et la navigation sur
la Seine,est l'enjeu de nombreuses batailles. En 582, une armée
part de Paris pour l'assiéger : "par
la voie romaine du sud-est, longeant la rive gauche de la Seine.
Elle marche sans ordre, sans aucune discipline,s'écartant
à droite et à gauche pour piller, enlevant meubles
des maisons, bétail et chevaux et des hommes, qui, liés
deux par deux, comme prisonniers de guerre, suivent la longue file
des chariots de bagages... les guerriers francs, ennuyés
d'un siège prolongé, devinrent de plus en plus indociles,
négligèrent le service qui leur était commandé
et ne s'occupèrent avec ardeur qu'à battre la campagne
pour amasser du butin."
Ponthierry ou Pont Thierry ?
De ces temps lointains et obscurs
nous reste peut-être un nom sur les cartes. Une tradition
locale, aussi légendaire que tenace et qu'aucun document
n'est venu jusqu'à présent confirmer, situe au passage
de la rivière Ecole un combat livré par un des nombreux
rois "Thierry" de la dynastie mérovingienne. Le
vieux pont sur l'Ecole, le "Pont-Thierry", aurait-il gardé
mémoire de cet hypothétique affrontement? Se met
alors en place " un scénario
qui se prolongera bien des siècles: une ville ne tombe rapidement
que par trahison ou par ruse, il faut donc affamer, démoraliser
ses habitants, donc désoler le plat pays environnant par
incendies, destruction des récoltes, arrachage de vignes,
enlèvement de bétail, etc., sans parler de la prise
de captifs, voués alors à l'esclavage."(Fourquin, le premier moyen
âge, dans l'Histoire de la France rurale, dirigée par
G.Duby.). A chaque siège de Melun et
plus tard de Corbeil, villes-clefs du ravitaillement de Paris, "ce
plat-pays qui est le nôtre" connaîtra les mêmes
épreuves.
La "Renaissance"
carolingienne
Avec l'arrivée au pouvoir
de la famille de Charlemagne, le pouvoir central se renforce, les
grands domaines royaux ou religieux se développent. En 802,
Charlemagne envoie des inspecteurs, les fameux "missi dominici"
visiter ceux d'Essonne et de Melun. Leurs instructions commencent
à nous parler des paysans qui y travaillent .

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Et ceux-ci prennnent
visage lorsqu'un copiste facétieux se laisse
aller, à croquer, dans une marge, les pittoresques
trognes de ses sympathiques voisins, les animaux de
la ferme ou les travaux des champs. |

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A la même époque,
Irminon, abbé de St Germain des Prés, fait établir
un inventaire extrèmement détaillé des possessions
de la riche abbaye parisienne. L'unité de base est la manse
(ou feu), terre "tenue" par une famille d'hommes libres
ou de serfs. A Morsang sur Seine, au Coudray, le document nous donne
le nom du chef de famille et la composition de celle-ci. Suit un
inventaire détaillée des terres, du bétail,
de la basse-cour, de l'outillage, mais aussi des redevances et des
corvées dues au propriétaire. A côté
des "grains", blé, orge, seigle, la vigne est déjà
partout présente.
Les invasions normandes
Le partage de l'empire de Charlemagne et les rivalités
entre ses héritiers vont laisser libre champ à de
nouvelles ambitions. A Melun ( et un plus tard à Corbeil),
le pouvoir royal est délégué à des "comtes".
Leur charge devient vite héréditaire et ils renforcent
leur autonomie. Et c'est en ordre dispersé que le royaume
de "France occidentale" va subir l'assaut des envahisseurs
Normands. En 845, ils remontent la Seine jusqu'à Melun qui
est incendiée. Les raids se succèdent : en 862, 866,
885, 887,après avoir échoué.
devant Paris, 888 en revenant de piller la Bourgogne. Leur dernier
passage est signalé en 909 "Pour peindre en raccourci
les massacres et les dévastations que les Normands commettent
dans les proches abords des villes qu'ils assiègent, un clerc
du IX° siècle écrit : Le
vigneron et les cultivateurs subissent tous, ainsi que les vignes
et la terre, la domination cruelle de la mort." ( Abbon, cité par R.DION, Histoire de la vigne
et du vin en France.) |