A propos de la nomination comme lieutenant
civil En ce mois de juin, M. le président Miron,
frère du feu Lieutenant-civil Miron qui lui avait résigné
son dit état de Lieutenant,étant allé trouver
le Roy à Fontainebleau pour cet effect, en fut débouté
et refusé tout à plat de Sa Majesté, combien
que sa requête fut très juste et raisonnable, ayant
son frère, après la résignation, vécu
les quarante jours, et seize davantage. Ce qu'ayant été
remontré au Roy par plusieurs personnes, Sa Majesté
enfin, pour s'en dépêtrer, leur dit que ce n'était
à lui, mais à la Reine à laquelle il se fallait
adresser pour cette affaire, et qu'il lui avait donné et
accordé ledit état, pour en disposer et en gratifier
qui bon lui semblerait : laquelle avait envie que son procureur
Le Geay le fut. Beaucoup d'autres lui en parlèrent et
firent ce qu'ils purent pour empêcher que ledit Geay ne le
fut; lequel avait (comme on dit) tout le monde "bandé"
contre lui. Le Roy même ne lui était autrement favorable,
sinon à son compte près qu'il voulait avoir, quoique
c'en fut de lui ou d'un autre. Mais la Reine, en faveur de la recommandation
de Conssine (Concini), qui en faisait son propre fait pour
Le Geay, et avait embrassé cette affaire, et qui n'est jamais
refusé de Sa Majesté de chose quelconque, quelle qu'elle
soit qu'elle puisse, et aussi que M. de Sully (qu'elle n'aime point)
en avait parlé au Roy pour les autres, ne se voulut jamais
lâcher. Tellement qu'enfin ledit état demeura arrêté
au Geay, nonobstant tous empêchements et oppositions formées
sur les crimes dont il avait été déféré
et ne s'était encores purgé: ce qui était juste
qu'il fit auparavant que d'entrer audit état. Dont M. le
Chancelier aussi, quand ce vint à l'expédition de
ses lettres, qui lui avaient été recommandées
par la Reine, en fit (mais pro forma seulement) quelque petite instance
et difficulté. Il a payé, du dit état, cinquante
mil écus, lui en ayant coûté encore s (ainsi
qu'on disait) vingt-cinq mil, pour les épingles de la Reine,
de Conssine et autres, desquels il avait fallu gagner la faveur
par argent. Ainsi lui revenait ledit état à soixante
et quinze mil écus ; somme qui se fut trouvée malaisément
à Paris, pour cet effect, en une autre bourse que la sienne,
principalement d'un homme de bien, eut-il été cent
fois plus riche que lui. Fermer la fenêtre |
Pierre de l'Estoile
Juin 1609
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Sur les fonctions de police (et leurs
petits avantages!) Le vendredi 17°, Lamet m'a donné
de son impression quatre ordonnances nouvelles de notre nouveau
Lieutenant-civil, imprimées en placard et affichées
aux coings et carrefours des rues de Paris. L'une est contre
les blasphémateurs du nom de Dieu, joueurs, berlandiers et
ivrognes : qui est une bonne et sainte ordonnance. L'autre, contre
les quémanderies des gens vagabonds et sans aveux, qui se
disent soldats, vrais fainéants et de mauvaise vie, dont
on voit les rues de Paris toutes pleines: qui est une autre bonne
Ordonnance (sauf une et l'autre à exécuter). La tierce,
sur la police du petit pain, et mêmes du mollet, abus des
boulangers sur le poids: qui n'est pas mauvaise, et de laquelle
M. le Lieutenant tirera bien autant ou plus de profit que le public.
La quarte, de ne nourrir aux maisons aucuns porcs, pigeons ne lapins,
est de communi martyrum de la police, et se garde en un temps comme
en l'autre. Il avait été aux Halles, le samedi de
devant, où, faisant peser le pain et contrôler toutes
les marchandises et denrées, se fit voir et reconnaître
(qui est le bon mot) à tout ce peuple, de la bourse duquel,
et de chacun et chacune en particulier, selon la qualité
et prix de leurs marchandises, il tira la quotte et quelque quintessence.
Il n'y avait pas jusqu'aux herbières, fruitières et
harangères, qui, pour se sauver de l'amande, ne crachassent
au bassin, et tirassent de leurs tabliers gras quelques grands blancs
et autre menue monnaie. Mais, les tirants, comme à l'envie,
disaient que cela ne lui aiderait pas beaucoup à se rembourser
de plus de quatre-vingt mil écus que lui avait coûté
son dit état de lieutenant-civil. Fermer la fenêtre |
Pierre de l'Estoile
Juillet 1609 |
Sur son rôle après l'assassinat
d'Henri IV La prudence de ces magistrats, j'entends le Prévôt
des marchands et le Lieutenant civil, obvia heureusement à
ce désordre : le premier était Jacques Sanguin ; le
second, Nicolas Le Jay, homme de grand sens, qui s'était
acquis beaucoup de croyance parmi les bourgeois par ce qu'il avait
toujours mis l'honneur de sa charge à bien servir le public
Tous deux se faisant voir par les rues amusèrent la populace
de divers bruits, exhortèrent les bons bourgeois à
la tenir en bride, ménagèrent si bien toutes choses
et donnèrent de si bons ordres, commandant l'un aux capitaines
des quartiers, l'autre aux commissaires, archers et huissiers de
se tenir prêts, que rien ne se remua... Fermer la fenêtre |
De Mezeray Abrégé
Chronologique de l'Histoire de France 1696 |
L'arrestation 17 août 1615
Le président Le Jay avait témoigné tout
l'hiver une telle partialité pour M.le Prince qu'on ne jugea
pas à propos de le laisser à Paris pendant l'absence
du Roi. C'est pourquoi on envoya à son logis, le matin même
qu'on partit, un exempt avec des gardes, lequel lui ayant dit que
le Roi voulait parler à lui, le fit monter dans un carrosse
à six chevaux et le mena à Amboise. Sa femme fut à
l'heure même au Louvre ; mais n'y trouvant personne, elle
eut recours au Parlement, afin qu'il y prit intérêt
et demanda son retour, comme il fit par un députation solennelle
d'un président et de quelques conseillers, qui alléguèrent
leurs privilèges et beaucoup d'autres raisons auxquelles
on ne répondit rien, sinon que le Roi voulait s'en servir
ailleurs; ayant cependant été dit en particulier aux
députés qu'ils s'en pouvaient retourner, et que pour
chose au monde on ne le mettrait en liberté tant qu'on serait
hors de Paris, à cause de ce qu'il avait fait pendant l'hiver.
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...parce que le président Le Jay, l'un des présidents
du Parlement, était celui qui s'était rendu comme
chef de la faction qui était pour M.le Prince dans le parlement,
et qui, à cause du crédit qu'il avait dans la ville,
y eut pu former quelques cabales ou séditions au préjudice
du repos et sûreté d'icelle et du service du Roi, Leurs
Majestés furent conseillées de le mettre du voyage,
pour servir en leurs conseils, comme les autres conseillers d'Etat,
et elles lui firent faire commandement de se tenir prêt pour
cet effet ; ce commandement lui fut porté et réitéré
par le sieur de Loménie, secrétaire d'Etat ; mais
comme il n'avait pas ce désir, et que possible son intention
était de servir M.le Prince dans Paris, il y apporta des
difficultés, feignait d'être malade, qu'il ne pouvait
désemparer la cour du parlement sans sa permission ; qu'il
fallait qu'il ait au moins un commandement du Roi par écrit,
et autres raisons qui témoignaient n'y vouloir aller, quelque
commandement qu'il en eut ; et même le soir dont Leurs Majestés
partirent le lendemain, sur ce qu'on lui dit qu'il avait tort d'offenser
Leurs Majestés par ce refus, et qu'il ler donnerait occasion
de l'y mener par force ou de le mettre à la Bastille, il
répondit qu'ils n'oseraient l'entreprendre. Le Roi...envoya
un enseigne de ses gardes du corps avec un carrosse et quelques
archers pour commander au dit sieur président Le Jay de venir
parler à lui, avec charge de le faire monter dans le dit
carrosse et l'amener avec sur son chemin. Cela fut exécuté
sans bruit et un peu plus mation que le dit président ne
l'avait espéré, tellement qu'il n'y put contredire.
Il fut mené en cette sorte jusqu'à Amboise où
on le laissa prisonnier... Fermer la fenêtre |
Fontenay-Mareuil Mémoires
Pontchartrain Mémoires
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Article 9
: maintenir et conserver les Cours souveraines du Royaume en leur
libre et entière, ne souffrir qu'à l'avenir leurs
dignités et autorités soient affaiblies ni déprimées;
et que Monsieur Le Jay président en la Cour du Parlement
de Paris soit présentement mis en liberté et rétabli
en l'exercice de ses offices comme à un officier de telle
qualité et mérites - accordé pour ce qui
regarde le Parlement et sursis pour le Président. Fermer la fenêtre |
Articles envoyés
au Roy par Mrs les Princes et Seigneurs étant assemblés
à Loudun ensemble la réponse sur les dits articles |