A
la mort d'Henri IV, qui avait conquis le trône par les armes,
c'est un garçonnet de neuf ans qui lui succède. Sa
légitimité n'est pas contestée mais il devra
assurer la réalité du pouvoir face aux "factions
princières", au Parlement et aussi à sa mère,
la Régente. Bien qu'il ait obtenu sa promotion grâce
à la Reine et aux Concini, Nicolas Le Jay va rapidement s'opposer
à eux et devenir le symbole de l'opposition parlementaire
parisienne. |
Président aux enquêtes du Parlement
de Paris (1613) "C'est par les enquêtes
que d'habitude, on débutait dans la carrière et la
jeunesse qui y dominait était toujours à l'avant-garde
de l'opposition" (Marion, Dict.institutions).
Cette opposition se manifestait par le refus d"enregistrer"
- et donc de
mettre en oeuvre - lois. et édits. Les parlementaires
en vinrent à examiner (à remontrer) la politique royale
et à se présenter comme les représentants de
la Nation. En 1614, l'opposition à la politique royale se
focalise sur la personne de Concini, favori de la Reine, devenu
maréchal de France. En janvier les "princes"
menés par Condé,"Notre Cousin" quittent
la Cour et
entrent en rébellion ouverte pendant six mois. En février,
pour répondre aux Etats Généraux qui s'achèvent,
s'ouvre - autour de la question de la vénalité des
charges - la petite Fronde du Parlement : celui-ci ose convoquer
"princes, ducs et pairs" pour examiner les affaires de
l'Etat! Le Roi (en réalité la Reine et Concini) interdit
alors au Parlement de discuter "des maux du Royaume".
En réponse, les parlementaires rédigent leurs célèbres
"Remontrances"; ils les rendent publiques avant
même de les présenter au Roi. Le Président
Le Jay, qui était en relations étroites avec Condé,
est le principal auteur de ces remontrances, remarquables
par leur force et la liberté qui y règnent. Elles
s'opposent ouvertement à la politique d'alliance avec l'Espagne
- et donc au mariage royal avec Anne d'Autriche - mais aussi à
la politique financière menée par la Reine-Mère
: la dissipation et la profusion qui a été faîte
de vos finances , depuis le décès du feu Roy, est
incroyable. Concini y est clairement attaqué : le
Roy est humblement supplié...de retrancher de ses conseils
les personnes introduites depuis peu d'années, non pour leurs
mérites et services rendus à votre Majesté,
mais par la faveur de ceux qui veulent y avoir des créatures.
Face à une telle prétention de se constituer en contre-pouvoir,
Leurs Majestés ne pouvaient qu'opposer une fin
de non-recevoir. 17 août 1615
l'arrestation En juin, Condé et les princes
reprennent les armes pour soutenir le Parlement et empêcher
le mariage espagnol qui doit se dérouler à Bordeaux
en octobre; le 17 août, leurs Majestés (et les
troupes de la Maison du Roi) quittent Paris."Le jour même
qu'elles partirent, elles envoyèrent prendre le président
Le Jay en sa maison par deux exempts des gardes et quinze archers
du corps, qui le firent mettre dans un carrosse, les portières
abattues, et le firent suivre Sa Majesté jusqu'à Amboise,
où il fut mis dans le chateau"... La cause pour laquelle
Leurs Majestés ne voulurent pas le laisser à Paris
pendant leur absence, fut qu'elles l'estimaient homme de créance
parmi le peuple, à raison de la charge de lieutenant civil
qu'il avait eue, et croyaient qu'il eut intelligence particulière
avec M.le prince (de Condé) à cause des fréquentes visites qu'il
en avait reçues à Charonne et qu'il lui avait rendu
à Saint-Maur."(mémoires
de Richelieu). Malgré les protestations du Parlement
(autres textes), il restera en résidence
surveillée à Amboise. Il devient le symbole des libertés
parlementaires. Les négociateurs de la paix de Loudun (3
mai 1616) entre le Roi et les opposants demandent
en vain sa libération (texte):
il ne rentrera à Paris qu'après le retour du
Roi en 1616. |
. L'accalmie
sera de courte durée. Les incidents se multiplient dans les
rues de Paris
entre partisans de Concini (devenue de plus en plus impopulaire)
et de Condé acclamé à chaque apparition. Le
1er septembre1616 la Reine et Concini font arrêter le prince
de Condé. Ses alliés quittent Paris et rassemblent
leurs troupes. Le président Le Jay, se ressouvenant d'Amboise,
aima aussi mieux prendre l'air des champs et les rejoint à
Soissons. Le flot des mécontents grossit pendant tout l'hiver.
Le 2 février 1617 parait une "Protestation des princes,
ducs, pairs de France, officiers de la Couronne et autres vrais
Français". Le 13 février, le Roi adresse un ultimatum
à ses auteurs. Ils lui répondent par une "Déclaration
et protestation...contre la conjuration et tyrannie du Maréchal
d'Ancre..." Le 16 mars les biens des insurgés sont confisqués
et réunis au domaine royal. |