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Nicolas le Jay (1574-1640), premier Baron de Tilly, Maison-Rouge et St Fargeau

Le Lieutenant civil
au Chatelet

Le Président aux enquêtes
au Parlement

Le Premier Président
du Parlement

 La vie privée
L'homme d'affaires

Sources et documents

"L"irrésistible ascension de Nicolas Le Jay"
Messire Nicolas Le Jay, Chevalier, Premier Président en la Cour du Parlement, Conseiller du Roy en ses Conseils d'Etat et Privés, Baron de Tilly, Maison Rouge et St Fargeau, Seigneur de Villiers les Salles, Saintry, Brétigny sur Monts, Malabry, Paray, Conflans, les Carrières, terres et rivières qui en dépendent, Garde des Sceaux des Ordres de sa Majesté et Surintendant des Finances des dits ordres........
Derrière cette énumération de titres ronflants se cache l'histoire peu connue d'un petit magistrat parvenu aux plus hautes charges de l'Etat. Nicolas Le Jay et sa famille sont un bel exemple de la "promotion bourgeoise" selon l'itinéraire "comptoir > basoche > service du Roi " (analysée par Jacquart, Paris et l'Ile de France...)

 "JAY (Le) Famille de Paris de laquelle étoit...
L'Armorial de France ne s'étend guère sur les origines lointaines des Le Jay. Gui Patin, en 1653, résume l'opinion des maître des comptes (XVI° siècle)contemporains :"feu M Le Jay, de peu de choses, était devenu premier président au Parlement de Paris". Sous différentes formes (lejai, le geay, le jai etc..) le nom est courant chez les artisans ou marchands parisiens à la fin du moyen-âge: "il passait pour descendre d'un marchand de soie établi à Paris en 1450". Mais au début du XVI° siècle, on trouve des Le Jay notaires, procureurs ou avocats. Enfin la famille entre au service du Roy : en 1530, un Le Jay (Nicolas aussi) notaire et secrétaire du Roy, est chargé de la liquidation des comptes du mariage de François 1er. Jean Le Jay, le grand-père de notre Nicolas, est conseiller du Roy en 1552. Son père, Nicolas (1), lui aussi conseiller du Roy, devient en 1571 correcteur en la Chambre des comptes. Les charges sont encore modestes mais, par leurs mariages, les Le Jay s'allient aux grandes familles de la bourgeoisie parisienne : les Hotman, par la grand-mère de notre Nicolas, les Gron et Le Picard par sa mère. Ces familles, enrichies par les bénéfices de leurs charges, le commerce ou le prêt à intérêt, investissent massivement autour de Paris, rachetant terres paysannes, droits et titres seigneuriaux. Dès 1530, Denis Gron a acquis des droits de justice à Tilly, à St Fargeau et sa fille, Madeleine, mère de Nicolas, est devenue Dame de la Maison Rouge et de Tilly. Quand à Nicolas (père), il acheté les seigneuries de Bevilliers, Quinquampoix et la Grange. 

Un "plan de carrière" rondement exécuté !
Les relations et les ressources familiales vont permettre à Nicolas (né vers 1574) de rejoindre, très jeune, deux des plus un conseiller au parlementprestigieuses institutions du Royaume. En 1597, un de ses parents, François Hotman, résigne en sa faveur sa charge de conseiller au Châtelet de Paris. Ce tribunal de la prévôté et vicomté de Paris était la première et principale juridiction du royaume, seulement subordonnée au Parlement de Paris "cour capitale et souveraine de tout le royaume". Jouant sur les deux tableaux, le Jay obtient, en 1600, les charges de conseiller et de commissaire aux enquêtes au Parlement, puis celle de procureur du Roy au Châtelet. En 1610, il est nommé conseiller d'Etat. Toutes ces charges étaient "vénales" et s'achetaient fort cher mais "épices" (redevances obligatoires) ou pots de vin rendaient l'investissement plus que rentable. Lorsqu'en 1609, à la mort de François Miron, il obtient la charge de lieutenant civil au Châtelet, le chroniqueur Pierre de l'Estoile note : "... lui revenoit le dist estat à soixante et quinze mil escus; somme qui se fust malaisèment trouvée à Paris pour cest effet en une autre bourse que la sienne, principalement d'un homme de bien...".

Le Lieutenant civil au Châtelet (1609)
Le Grand Châtelet au XVII° siècle
En 1609 la politique d'apaisement mise en oeuvre par Henri IV, après la signature de l'Edit de Nantes (1598), commence à porter ses fruits mais le souvenir des troubles parisiens de la Ligue est encore dans toutes les mémoires. Le choix d'un lieutenant civil était délicat car il était le chef véritable du Châtelet. Sur le plan juridique, sa compétence s'étendait à la plus grande partie du royaume. Il était aussi, à cette époque, responsable de la police et du maintien de l'ordre à Paris et, en temps de troubles, jouait un rôle politique crucial. La candidature de Nicolas Le Jay rencontra de vives oppositions : sa compétence et ses capacités n'étaient pas en cause mais il était impliqué dans plusieurs "affaires" financières délicates encore en jugement. Après de longues tractations et moyennant finances, il obtint l'appui d'Eléonora Galigaï, la femme de Concini, "à qui la Reine, Marie de Médicis, ne refusait rien" (texte). Cette charge lui ouvrait de nouvelles occasions (plus ou moins légales!) de promotion et d'enrichissement rapide (texte).

14 mai 1610, à quatre heures de l'après-midi, rue de la Ferronnerie...L'assassinat d'Henri IV
 
Le vendredi 14 mai 1610, les autorités parisiennes préparent l'entrée solennelle dans la capitale de Marie de Médicis, couronnée la veille à St Denis. En se rendant à l'Arsenal pour visiter Sully et les préparatifs, le Roi est assassiné par Ravaillac. Le Dauphin, Louis, n'est âgé que de neuf ans. Devant les risques de troubles, princes et grands seigneurs réagissent rapidement. "Pour prévenir les désordres qui étaient à craindre...les ducs de Guise et d'Epernon furent chargés de faire monter à cheval le plus de noblesse Le "lit de justice" du 15 mai 1610qu'il se pourrait et aller par toute la ville dire que le Roy n'était point mort mais seulement blessé. Le Jay, lieutenant civil, et Sanguin, prévôt des marchands, eurent ordre de faire fermer les portes de la ville, de s'emparer des clefs, de prendre tous leurs officiers, d'empêcher toutes émotions et attroupements." (L'Estoile). Tout cela fut, au témoignage des contemporains, exécuté fort habilement (texte).
Le Roy est mort, vive le Roy...mais qui aura la régence ? Pour maintenir une paix civile encore fragile, les Princes et le Parlement se mettent rapidement d'accord. Le lendemain, l'enfant-Roi se présente au Parlement pour y tenir un lit de justice. Selon son "bon vouloir", la Reine Mère est proclamée régente. Elle n'oubliera pas le rôle, discret mais efficace, du Lieutenant civil dans cet heureux dénouement."..il avait su tenir en mains le peuple de Paris et on lui en sut gré !" Trois ans plus tard, il est reçu Président aux enquêtes au Parlement de Paris, à moins de quarante ans.

Le Lieutenant civil
au Chatelet

Le Président aux enquêtes
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