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 Saint Ferréol et Saint Fargeau !

Lorsqu'une paroisse porte le nom de Saint Fargeau mais ses habitants celui de ferréolais et, qu'en un millénaire, elle s'est appelée Sancto Fergiolo, Sanctus Ferreolus, S.Fargel, S.Fargeul, S.Ferjault, S.Forgeau, S.Ferréol, le tout "supra Sequanam", "ultra Corbolium, "en Gastinois" ou "sur Seine", à quel saint se vouer? D'autant plus que l'Histoire ou la légende nous proposent une demi-douzaine de Sts Ferréol, Fargeau ou approchants. 

 Il faut alors appliquer les méthodes de l'hagiographie critique, " étude scientifique des saints, de leur histoire et de leur culte" (R.Aigrain). Le critère principal d'identification, c'est le "dies natalis" non pas jour de la naissance mais de la "déposition", mise en terre, du calendrier liturgique. Les anciens ordos du diocèse de Sens, repris par Roger LECOTTE dans ses "Recherches sur les cultes populaires dans l'actuel diocèse de Meaux", fixent au 16 juin la fête patronale à St Fargeau. C'est ce que perpétue (inconsciemment) une société locale, la Ferréolaise, en prenant le week-end proche de cette date pour sa "fête au village". Or, ce jour-là, le vieux Martyrologe Romain fête "A Besançon, en Gaule, les saints martyrs FERREOL, prêtre, et FERJEUX, diacre : envoyés par le bienheureux évêque Irénée pour prêcher la parole de Dieu, ils souffrirent sous le juge Claude divers tourments, et périrent par le glaive (+211?).

 


Abondance de saints ne nuit pas !
Heureusement, car ils vont par deux, bien qu'on les ait parfois identifiés ! Vers 590, Grégoire de Tours, évêque et historien, l'atteste, dans son livre "à la Gloire des martyrs". Il  y fait référence aux  récits de leurs "Passion" et "Invention"qui vont fonder leur légende. Les deux frères (ou amis?), originaires d'Asie mineure, convertis par St Polycarpe, évêque de Smyrne,  auraient étudié à Athènes. On les retrouve à Lyon, auprès de St Irénée qui, après avoir ordonné Ferréol prêtre et Fargeau diacre, les envoie évangéliser le nord-est de la Gaule. En une trentaine d'années, ils fondent l'Eglise de Besançon . Vers l'an 211 (?), ils sont arrêtés par un certain Claude (préfet de Séquanie ?) dont l'épouse serait devenue chrétienne. Les martyrologes décrivent longuement interrogatoires et supplices : la langue coupée, ils continuent à prêcher...

On enfonce alors, à chacun, "trente alènes de fer très aigües" dans tout le corps (d'ou le nom de ferré... gardé en italien sous la forme de Ferruccio). Finalement, ils sont décapités et leurs corps ensevelis dans une petite crypte le 16 des calendes de juillet (16 juin). C'est là qu'ils furent retrouvés, inventés,  (vers 370 ?). Des chiens, à la poursuite d'un renard, firent découvrir l'excavation. On reconnut les corps aux alènes de leur supplice et aux miracles qui se multiplièrent. Depuis leur culte s'est maintenu  à Besançon : un historien du XVIIème siècle rapporte que "lorsque la ville est menacée de quelque calmité, on voit deux lumières passer sur les murailles. Ce sont Ferréol (promu évêque par la vox populi ) et Fargeau qui marquent ainsi leur vigilance et leur sollicitude.
De la légende à l'Histoire. Ces récits légendaires  recoupent néanmoins des données plus sérieuses: origines orientales de l'évangélisation de la Gaule, importance du siège épiscopal de Lyon, ancienneté de l'élan missionnaire remontant vers la Germanie par les fleuves. Quant à savoir comment les deux saints sont devenus patrons de l'église de St Fargeau en Seine et Marne  !

© Jean ROBERT

 

Pour aller plus loin : Iconographie, sources et références

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