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  En parlant de la pluie et du beau temps…: l'été 1895

" On nous a changé le climat ". Comme chaque année, les aléas du temps ont agréablement alimenté les conversations pendant l’été. Aux récriminations contre un Juillet pourri ont succédé en quelques jours des lamentations sur un mois d’Août caniculaire …Il y a un siècle, nos ancêtres redoutaient, pour des raisons plus sérieuses, les mêmes incertitudes. Mais ils pensaient avoir Quelqu’un à qui s’adresser pour régler le problème, même si la réponse dépassait quelquefois leurs espérances !

1er acte

Le 6 Août 1895, l’évêque de Meaux, Emmanuel de Briey, écrit à tous les curés du diocèse :
<< Monsieur le Curé, nous sommes au temps de la moisson, mais des pluies continuelles suspendent les travaux de la campagne et compromettent les espérances du laboureur. Il semble que le Seigneur, auteur de tous dons et souverain maître " sur la terre comme au ciel " veuille nous rappeler le devoir de la prière trop généralement oublié dans notre pays. Vous exhorterez vos paroissiens à venir lui demander, avec sa bénédiction, ce pain de chaque jour qu’il ne refuse jamais à ceux qui savent l’implorer. A cet effet, et pour obtenir un temps favorable, vous voudrez bien dire à la sainte Messe les oraisons …pour la sérénité du temps, tant que les pluies dureront. Vous pourrez donner le Salut du Saint Sacrement pendant trois jours de suite à partir du dimanche 11 Août. On y chantera le Miserere, une antienne à la Vierge, le Tantum ergo et le Parce Domine…>>

                      2ème acte 

A réception de cette lettre, le curé de St Fargeau, E.Maulvaux, met immédiatement en œuvre les instructions de son évêque. Emerveillé par les résultats obtenus, il décide d’en laisser trace dans le registre paroissial jusque-là strictement réservé à l’inscription des baptêmes, mariages et enterrements…
" Le 15 Août, des prières solennelles ont été faites pour obtenir la cessation de la pluie. Le jour même, le temps s’est mis au beau fixe. "

Les moissonneurs entrent en action sans perdre de temps pour profiter de l’accalmie. Mais le temps est bien installé et le soleil si efficace que le thermomètre commence à dépasser les bornes !
 
Une, deux, trois semaines et l’abbé Maulvaux doit rouvrir son registre :
" L’an de grâce 1895, le vendredi 6 Septembre, a été inhumé par nous, curé soussigné, Auguste Grison, décédé hier à Tilly, à l’âge de soixante-deux ans, d’une hémorragie cérébrale qui lui est survenu subitement dans la plaine pendant qu’il moissonnait. " Notre curé ne peut décemment pas se plaindre de la réponse qu’a obtenue sa prière mais il fait discrètement remarquer ( à Qui de droit ?) qu’il ne faut rien exagérer et qu’on pourrait peut-être en rester là. En effet : Les grandes chaleurs qui sont survenues depuis le jour de l’Assomption (le 15 août) auront très probablement contribué à la déclaration de cet accident qui a fait perdre subitement connaissance au défunt. "

3ème acte 

L’homme propose et Dieu dispose, dit le proverbe et tout Septembre s’écoule sans une goutte d’eau. Alors, aux mêmes maux, les mêmes remèdes et, début Octobre, Maulvaux, visiblement soulagé, reprend la plume :Depuis le 15 Août, une sécheresse si grande est survenue qu’un certain nombre d’évêques ont ordonné des prières pour obtenir de la pluie. Le 1er octobre, la pluie a commencé à tomber et à répondre aux vifs désirs des populations. Elle a continué à tomber le deux et le trois octobre ainsi qu’à plusieurs reprises les jours suivants. "
La conclusion du desservant de St Fargeau : " ainsi les habitants des campagnes devraient rendre à Dieu de sincères actions de grâces " semble quelque peu désabusée . Elle laisse craindre que, cet été-là déjà, les Ferréopontains n’aient pas unanimement apprécié la manière dont le Ciel avait géré la distribution de la pluie et du soleil !

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